Notre-Dame de Paris, symbole de la France et chef-d’oeuvre de l’architecture gothique. Depuis plus de 8 siècles, le monument domine le coeur de la capitale. Le 15 avril 2019, l’incendie de la cathédrale rassemble le monde au delà des frontières françaises. Les flammes s’emparent peu à peu de l’édifice sous les yeux des parisiens, impuissants face à la situation. Entre chagrin, bouleversement, élan de solidarité… une course contre la montre est lancée car le temps est compté. Le symbole de la France est en péril et plus de 850 ans d’histoire est en jeu.
La lutte contre l’incendie
Paris, le lundi 15 avril 2019 (semaine de Pâques), île de la Cité. Vers 18h15, le Prêtre Jean-Pierre Caveau célèbre la dernière messe de la journée devant des centaines de fidèles et de visiteurs.
18h20 : Une tête de détection capte de la fumée, déclenchant une alarme incendie au sein de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un message s’enclenche en français et en anglais interrompant la messe. Il faut évacuer les personnes présentes : « en raison d’un incident, veuillez évacuer vers les issues de secours les plus proches ».
« J’attends de voir ce qu’il en est exactement parce que j’avais entendu dire qu’il y a eu quelquefois des fausses alertes », Prêtre Jean-Pierre Caveau.
Cependant, une levée de doute négative s’ensuit. Selon le procureur de la République, Rémy Heitz, « aucun départ de feu n’avait été constaté ».
18h43 : L’alarme incendie sonne une deuxième fois. Cette fois-ci, le feu est repéré. « Le feu a été constaté au niveau de la charpente », déclare Rémy Heitz. Mais entre la première et la deuxième alerte, 23 minutes ont été perdues.
Pourquoi avoir autant tardé avant de localiser le feu ? Chaque détecteur présent dans la cathédrale détient une localisation. L’agent de sécurité chargé de vérifier si un incendie se déclare, s’est rendu dans la mauvaise localisation associée à la première alarme incendie. En effet, il se serait rendu dans les combles de la sacristie au lieu de ceux de la nef. Ce n’est qu’à la deuxième alerte que ce dernier réussi à identifier le lieu réel du départ de feu. Il trouve son origine dans les combles, là où se situe la charpente.
18h50 : Un appel d’urgence est passé aux pompiers. Parmi les premiers appels, la secrétaire de la Maire de Paris, puisque le bureau d’Anne Hidalgo est situé juste en face de la cathédrale. Les premiers pompiers arriveront sur place 15 minutes plus tard.
L’incendie a déjà commencé et d’épaisses fumées jaunâtres se dégagent des zones de travaux et de la charpente. Les flammes s’emparent progressivement du toit de l’édifice.
Devant l’ampleur de la situation et face à l’impossibilité de maitriser le feu gigantesque, les pompiers sur place font appel à des renforts importants à l’aide de la radio.
19h50 : Les flammes ont ravagées la toiture et le feu n’est toujours pas maitrisé. La flèche de Viollet-le-Duc, culminant à 96 mètres de hauteur, s’effondre dans la nef et poinçonne les voûtes. « Il y a la flèche, mais il y a aussi une partie de l’échafaudage qui tombe et une partie de la voûte de Notre-Dame qui cède […] puisque ça fait un bruit très sourd, très violent », explique Anne Hidalgo.
20h30 : Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu sur place accompagné de son premier ministre, Edouard Philippe, du président de l’Assemblée Nationale, Richard Ferrand ainsi que d’Anne Hidalgo, la Maire de Paris. « La bataille n’est pas encore totalement gagnée. Les prochaines heures seront difficiles. […] Nous rebâtirons Notre-Dame », déclare le président devant les caméras des chaînes de télévision françaises.
21h00 : Le feu regagne en intensité et commence à toucher la tour nord de l’édifice. En effet, sur place, le lieutenant Laurent, dessinateur, repère un détail anormal au niveau du beffroi nord. « Je découvre une petite fenêtre, un petit vitrail, et je vois une lueur. J’ai du mal à comprendre si c’est un reflet du feu qui se trouve quelques mètres plus bas, ou s’il y a vraiment quelque chose à l’intérieur du beffroi », explique-t-il. C’est en brisant le vitrail qu’il découvre que le feu est déjà arrivé jusqu’aux tours.
22h00 : À ce stade, plus de 450 pompiers sont sur place et tentent de maitriser le feu. Pour se faire, dix-huit lances à eau sont utilisées. En parallèle, une décision est prise par le Général Gallet et le président de la République : ils prennent le risque d’envoyer 20 pompiers à l’assaut des tours. En revanche, seulement 6 d’entre eux se rendent dans le beffroi nord.
22h50 : Les pompiers réussissent à arrêter la propagation du feu dans la tour nord. Le commandant de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, général Jean-Claude Gallet, annonce que les deux tours de la cathédrale sont désormais sauvées.
Mardi 16 avril 2019, 4h00 du matin : le porte-parole de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, lieutenant-colonel Gabriel Plus, annonce que l’incendie est dorénavant maitrisé. En revanche, il n’est pas complètement éteint.
9h50 : Le feu est totalement éteint et la fin de l’incendie est déclarée. Globalement, les pompiers ont nécessité d’une durée totale de 15 heures pour arrêter les flammes.
Le récit à travers les soldats du feu, sauveurs de Notre-Dame
Un homme est aux commandes de cette intervention majeure et massive. Il s’agit du Général Jean-Claude Gallet, à la tête de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris depuis le 1er septembre 2017. Le jour du 15 avril 2019, il est en première ligne de ce combat contre le feu. Tout repose sur lui et les décisions qu’il décide de prendre. À juste titre, ce dernier nécessite de l’aide de ses coéquipiers de manière à faire les bons choix car ils sont décisifs. Pour cela, deux moyens lui ont permis d’accéder à une vue d’ensemble de l’édifice : les drones et les croquis.
Parmi l’équipe des sapeurs-pompiers, le lieutenant Laurent Clerjeau, est dessinateur opérationnel. Ses croquis réalisés dans l’urgence permettent de visualiser en volume le bâtiment et ses accès. Son rôle est déterminant car il doit se rendre au plus près de l’édifice et des flammes dans le but de devancer le feu et de prédire l’évolution de l’incendie. Dès le début le l’intervention et au moyen de ses analyses, il était convaincu de la perte totale de la charpente de Notre-Dame. « En prenant une photo, je réalise l’étendu du sinistre », « entre l’échafaudage qui est complètement embrasé, le plomb qui est en fusion, la totalité de la charpente va brûler », raconte-t-il.
Lors de ce sauvetage, un scénario catastrophique vient s’ajouter au drame. Malgré les efforts considérables des pompiers pour calmer les flammes, ces dernières s’emparent de la flèche, s’écroulant sur elle-même. En tombant, elle transperce la toiture de la nef et crée un appel d’air si important que les portes de la cathédrale se referment. À ce moment précis, une vingtaine de pompiers se retrouvent alors bloqués à l’intérieur. « C’est les portes du moyen-âge, avec du recul j’ai peine à croire qu’elles ont pu se fermer par un effet de souffle », confie le lieutenant Julien S. Parallèlement, les portes des escaliers au niveau du transept se ferment également, piégeant alors d’autres pompiers. « Pour moi, à ce moment là, l’opération bascule. Le feu, tant pis. Maintenant, je suis parti sur une opération de sauvetage », déclare le Lieutenant-Colonel Ronan B. Afin de les évacuer au plus vite, des pompiers, journalistes et policiers qui se trouvaient sur le parvis se précipitent vers les portes et parviennent à les entrouvrir. Tous les pompiers coincés à l’intérieur s’en sortent sains et saufs.
Désormais, les pompiers se retrouvent dans l’impossibilité d’accéder à l’intérieur de la cathédrale car devenu trop dangereux. Leur seule solution est d’arroser le feu depuis la porte d’entrée. Ils décident alors d’utiliser un robot télécommandé : Colossus. Il va jouer un rôle primordial puisqu’il est le seul à pouvoir pénétrer dans la cathédrale sans craindre les éboulements. Grâce à Colossus qui parvient à éteindre les flammes et à faire baisser la température à l’intérieur de la nef, un groupe de pompiers est autorisé à pénétrer dans l’édifice afin d’aller sauver les précieux vestiges en perdition.