Lors de l’incendie qui s’est déclaré le 15 avril dernier, le sort du grand orgue de la cathédrale était incertain. Aujourd’hui, miraculeusement, ce dernier est sorti indemne des flammes. Ou presque.
C’est avec émotion que s’exprime Vincent Dubois, cotitulaire du grand orgue, aux micros des journalistes du Figaro. Après avoir espéré toute la nuit que les clés de voûte ne tombent pas sur l’instrument, son souhait est exaucé. Placé sur une tribune à 16 mètres du sol, le grand orgue de Notre-Dame de Paris a su échapper au brasier qui a consommé la couverture, la charpente et la flèche dans la nuit.
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Les grands responsables
Cependant, même si l’instrument n’a pas été directement touché par les flammes, son état reste tout de même préoccupant. En effet, l’orgue a tout d’abord été endommagé par le feu, indirectement. Le brasier a déposé une couche de suie qui résulte de la combustion d’éléments encore aujourd’hui, difficilement identifiable. Parmi eux, entre autres, le plomb de la toiture, le liant des pierres ou encore le bois de la charpente. Quel impact peut avoir ce genre de mélange sur le grand orgue et ses tuyaux ? Les spécialistes l’ignorent encore. Cependant, des tests sont effectués actuellement par le Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques pour déceler la nature exacte de ces composants.
Le pire était pourtant à craindre. En effet, les tuyaux de l’orgue ont été fabriqués dans un alliage de plomb et d’étain. Ce dernier ne résiste que très mal aux fortes températures et les variations d’hygrométrie (mesure du degré d’humidité de l’atmosphère). Heureusement, la construction de pierre au-dessus de l’appareil a permis entre autres, de le préserver des flammes.
Par la suite, c’est l’eau qui a permis d’éteindre l’incendie qui est venue détériorer l’appareil. Cette dernière, utilisée en grande quantité par les pompiers, s’est logée dans les quelque 8000 tuyaux de l’instrument. «La structure est intacte, mais il a pris l’eau» explique Vincent Dubois. Une situation inédite dont on ne connait pas encore tout à fait les conséquences.
Un avenir incertain
Néanmoins, plusieurs inquiétudes subsistent. L’orgue est un instrument qui doit être joué de manière régulièrement, pour garantir son bon fonctionnement. Dès la mise en place des travaux de consolidations, il faudra assurer des « sessions » pour préserver l’appareil, estime Vincent Dubois. Deux scénarios s’offrent également en fonction de l’avancée du chantier. L’orgue sera soit bâché pour lui assurer protection, soit démonté puis remonté à la fin des travaux.
Aujourd’hui le maitre d’ouvrage s’exprime: « Nous n’avons jamais déposé l’ensemble des tuyaux de cet orgue, il faudra surement concevoir un atelier spécial et faire collaborer plusieurs entreprises à cette fin. C’est un véritable défi, pour lequel il faudra tout inventer ». Au gouvernement, il explique que l’encrassement total de l’appareil laisse apparaitre un nettoyage de grande ampleur.
Une mobilisation internationale
En attendant, l’orgue a connu une grande mobilisation de la part de la communauté des musiciens. Beaucoup d’organistes organisent des concerts caritatifs aux quatre coins du monde. «J’ai reçu plus de 200 coups de fil de collègues et amis. Et déjà les propositions de concerts au profit du grand orgue se multiplient en Italie, en Allemagne, en Angleterre.» raconte Vincent Dubois. «L’organiste de la cathédrale d’Erfurt va donner un concert au bénéfice de Notre-Dame» complète Vincent Latry. Les organistes de Notre-Dame expriment toute leur reconnaissance envers ces nombreuses manifestations de sympathie ainsi que des offres de services et support financier parvenus après le drame.
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